Imaginez un homme qui dĂ©couvre Ă 17 ans qu'il va mourir. Un homme nĂ© dans la pauvretĂ© la plus extrĂȘme et qui devient prix Nobel de littĂ©rature Ă 44 ans. Un homme qui refuse de choisir entre sa mĂšre et la justice et qui meurt brutalement dans un accident de voiture Ă 46 ans. Cet homme, c'est Albert Camus. Et aujourd'hui, Je vais vous raconter l'histoire d'un des plus grands Ă©crivains français du XXá” siĂšcle, un philosophe qui a vĂ©cu ce qu'il a Ă©crit. Un homme dĂ©chirĂ© entre l'AlgĂ©rie et la France, entre la rĂ©volte et la tendresse. Et vous allez dĂ©couvrir pourquoi sa pensĂ©e rĂ©sonne encore aujourd'hui dans notre monde incertain. 7 novembre 1913, Mondovi, AlgĂ©rie. Un petit village prĂšs de la mer. Albert Camus naĂźt dans une famille trĂšs pauvre. Son pĂšre, Lucien, est ouvrier agricole. Sa mĂšre, Catherine, est femme de mĂ©nage. Ils vivent dans la misĂšre. Ils n'ont presque rien. Ils survivent difficilement chaque jour. Mais un an plus tard, c'est le drame. La PremiĂšre Guerre mondiale Ă©clate. Le pĂšre part au front. Il est blessĂ© pendant la bataille de la Marne et il meurt en octobre 1914. Albert n'a mĂȘme pas un an. Il ne connaĂźtra jamais son pĂšre.
Sa mĂšre, Catherine, se retrouve seule avec deux enfants. Elle retourne vivre chez sa grand mĂšre dans le quartier pauvre de Belcourt, Ă Alger, en AlgĂ©rie. L'appartement est minuscule. Il s'entassent Ă plusieurs. Catherine travaille jour et nuit comme femme de mĂ©nage pour nourrir ses enfants. Mais voilĂ ce qui est extraordinaire. MalgrĂ© cette pauvretĂ©, malgrĂ© cette misĂšre, Albert est heureux. Il se souvient de la lumiĂšre aveuglante du soleil algĂ©rien, des bains dans la mer, des jeux avec ses amis dans les rues poussiĂ©reuses, des bras de sa mĂšre qui l'enserre tendrement quand il rentre de l'Ă©cole. Camus Ă©crira plus tard dans ses carnets: J'ai commencĂ© par la plĂ©nitude. D'ailleurs, plĂ©nitude, c'est un mot magnifique en français. C'est le sentiment d'ĂȘtre rempli, d'ĂȘtre profondĂ©ment satisfait, complet, pas besoin de plus. Et cette double expĂ©rience, la misĂšre et la plĂ©nitude, la pauvretĂ© et le bonheur, va forger toute sa philosophie, toute sa vie. Camus sera dĂ©chirĂ© entre ces deux forces. Et puis, Ă l'Ă©cole, il y a une rencontre qui change absolument tout. D'ailleurs, si vous voulez aller plus loin dans votre apprentissage, j'ai créé un guide gratuit autour de Camus. J'ai rĂ©uni dix citations essentielles que j'ai ensuite expliquĂ©es en français simple avec tout le vocabulaire pour comprendre sans difficultĂ©.
C'est un excellent moyen d'amĂ©liorer votre comprĂ©hension, d'enrichir votre vocabulaire et de dĂ©couvrir la pensĂ©e d'un des Ă©crivains français les plus connus de son Ă©poque. Le lien est juste en dessous de la vidĂ©o. C'est totalement gratuit ou alors dans la description de la plateforme oĂč tu Ă©coutes ton podcast. Revenons-en Ă Albert. Albert a un instituteur Ă l'Ă©cole communale qui s'appelle Louis Germain et cet homme va devenir comme un pĂšre pour lui. Un jour, Louis Germain voit quelque chose de spĂ©cial en Albert. Il voit son intelligence, sa soif d'apprendre. Il prend donc une dĂ©cision. Il va chez la grand-mĂšre et il la convainc de laisser Albert passer le concours des bourses. C'est l'examen qui permet aux enfants pauvres d'aller au lycĂ©e gratuitement. Albert travaille trĂšs, trĂšs dur. Louis Germain lui donne des cours supplĂ©mentaires totalement gratuitement et Albert rĂ©ussit. Il entre au lycĂ©e. Il faut vraiment prendre conscience de cela, mais Ă l'Ă©poque, c'est un miracle. Un enfant de femme de mĂ©nage qui entre dans un lycĂ©e, dans un monde qui devrait lui ĂȘtre fermĂ©, c'est incroyable. Et 44 ans plus tard, en 1957, quand Albert Camus monte sur la scĂšne Ă Stockholm pour recevoir le prix Nobel de littĂ©rature devant les rois et les ministres, devinez qui il remercie en premier dans son discours ?
Louis Germain, bien sĂ»r, son instituteur. Il lui Ă©crira mĂȘme une lettre magnifique dans laquelle il dit: Sans vous, rien de tout cela ne serait arrivĂ©. Mais Ă 17 ans, nouveau coup de destin. Albert dĂ©couvre qu'il est atteint de tuberculose, une maladie grave des poumons. Et Ă l'Ă©poque, dans les annĂ©es 1930, beaucoup de gens en mouraient. Il n'y a pas encore d'antibiotiques. Imaginez, vous avez 17 ans, vous venez de sortir de la pauvretĂ© grĂące Ă votre travail, vous commencez Ă rĂȘver d'un avenir et soudain, un mĂ©decin vous dit: Vous allez peut-ĂȘtre mourir jeune. C'est Ă ce moment-lĂ prĂ©cis que Camus fait l'expĂ©rience de l'absurde. L'absurde, c'est un mot qui vient du latin absurdum, qui signifie ce qui est discordant, ce qui n'a pas de sens. Pour Camus, l'absurde, c'est ce sentiment brutal que la vie n'a pas de sens, que nous naissons sans l'avoir demandĂ©. Nous souffrons, nous mourons et aprĂšs, rien, le silence. Et en français, on a une expression que j'aime beaucoup. On va dire: Ăa n'a ni queue, ni tĂȘte. Ăa veut dire: ça n'a aucun sens. On ne comprend pas, ça n'a aucune logique. Et pour Camus, la vie humaine, c'est exactement ça.
Ăa n'a ni queue ni tĂȘte. En 1942, Camus Ă©crit un livre qui s'appelle Le mythe de Sisyphe. C'est un essai philosophique et il raconte l'histoire de Sisyphe, un personnage de la mythologie grecque. Les dieux l'ont condamnĂ© Ă la pire des punitions. Il doit pousser un Ă©norme rocher jusqu'au sommet d'une montagne. Imaginez, vous poussez, poussez ce rocher immense, c'est super lourd, c'est Ă©puisant, vous transpirez, vos muscles brĂ»lent, mais vous continuez. Vous arrivez presque au sommet. Encore un effort et voilĂ , vous y ĂȘtes. Mais Ă ce moment prĂ©cis, le rocher redescend. Il retombe en bas de la montagne. Et vous devez recommencer. Encore et encore et encore, Ă©ternellement. C'est une tĂąche qui est complĂštement absurde. Ăa ne sert Ă rien. Ăa ne produit rien. C'est du temps perdu pour l'Ă©ternitĂ©. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, en français, on dit: C'est un travail de Sisyphe. Ăa veut dire que c'est un travail qui est inutile, qu'il faut recommencer sans cesse. Mais voilĂ ce que Camus Ă©crit d'extraordinaire. Il dit: "Imaginez le moment oĂč Sisyphe arrive en haut et le rocher redescend. Sisyphe regarde vers le bas, il voit la pente, il sait qu'il va devoir redescendre et tout recommencer.
Ă ce moment-lĂ , il hĂ©site, il est dĂ©chirĂ©, il souffre d'un conflit intĂ©rieur. Il est dĂ©chirĂ© entre l'impuissance et la rĂ©volte. Et puis, il fait un pas vers le bas. Il choisit de redescendre, il choisit sa peine, il choisit son destin. Et Ă ce moment prĂ©cis, au cĆur mĂȘme de sa dĂ©tresse, il dĂ©couvre une joie profonde et silencieuse. Et Camus Ă©crit cette phrase magnifique qui va devenir cĂ©lĂšbre dans le monde entier: Il faut imaginer Sisyphe heureux. Vous comprenez ? Il dit: "MĂȘme si la vie n'a pas de sens, mĂȘme si tout est absurde, on peut choisir de vivre, on peut choisir d'ĂȘtre heureux". Et ce n'est pas de l'optimisme naĂŻf, c'est une rĂ©volte. C'est dire: OK, d'accord, la vie n'a pas de sens, mais je choisis quand mĂȘme de l'aimer. En 1940, la France est occupĂ©e par les nazis. Camus est Ă Paris. Il est sĂ©parĂ© de sa femme Francine, qui est restĂ©e en AlgĂ©rie. Ils ne peuvent plus communiquer et Camus prend une dĂ©cision. Il entre dans la rĂ©sistance. Il devient journaliste pour un journal clandestin qui s'appelle Combats. C'est un journal secret qui combat l'occupation nazie. C'est extrĂȘmement dangereux. S'il est dĂ©couvert par la Gestapo, il sera torturĂ© et tuĂ©.
Mais pour Camus, se révolter, c'est essentiel. Il écrit alors une phrase qui va devenir célÚbre: Je me révolte donc nous sommes. C'est une référence directe au philosophe Descartes qui a écrit à son époque: Je pense, donc je suis. Mais Camus transforme complÚtement le sens. Pour lui, ce n'est pas la pensée qui nous rend humains, c'est bien la révolte. C'est la révolte qui crée la solidarité entre les humains. En 1947, Camus publie "La Peste". C'est l'histoire d'une épidémie qui frappe brutalement la ville d'Oran, en Algérie. C'est une maladie mortelle. Les rats meurent dans les rues, puis Les humains commencent à mourir aussi. La ville est mise en quarantaine, ce qui signifie qu'elle est complÚtement isolée. Personne ne peut entrer ou sortir. Les habitants sont séparés de ceux qu'ils aiment. Ils sont enfermés chez eux. Ils ont peur. Beaucoup meurent dans des souffrances terribles. Et le livre est une métaphore de l'occupation nazie que la France vient juste de vivre. Mais c'est aussi une réflexion profonde sur la condition humaine. Et vous savez ce qui est fascinant ? En 2020, pendant la pandémie du COVID-19, La Peste est redevenu le livre le plus vendu en France. Les libraires étaient en rupture de stock.
Pourquoi ? Parce que Camus décrit exactement ce que nous avons tous vécu: l'enfermement, la séparation d'avec ce qu'on aime, l'angoisse de la maladie, l'Incertitude du lendemain. à la fin du roman, le docteur Rieu, le narrateur, écrit: Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaßt jamais. Le bacille, en français, c'est la bactérie, le microbe qui cause la maladie. Mais ici, c'est une autre métaphore trÚs puissante. Le mal, l'injustice, le totalitarisme, ils ne disparaissent jamais. Il faut toujours rester vigilant. Dans les années 1950, la guerre d'Algérie éclate. L'algérie veut son indépendance. La France refuse. Et c'est une guerre terrible, violente. Et Camus est profondément déchiré. Il est tiraillé entre deux choix impossibles. Il est né en Algérie. Il aime ce pays, ce soleil, cette terre. Sa mÚre vit toujours à Alger, mais il aime aussi la France. Il refuse la violence contre les civils innocents, qu'ils soient français ou algériens. Et on l'attaque de tous les cÎtés. On dit qu'il trahit l'Algérie, on dit qu'il trahit la France. Et sa position nuancée est incomprise. Et donc, il va se retirer du débat public. Il souffre. Et puis, le 4 janvier 1960, la catastrophe dont je vous ai parlé au début, Albert Camus meurt dans un accident de voiture.
Il a seulement 46 ans. Il est au sommet de sa gloire. Il a encore tant de choses Ă Ă©crire et dans sa poche, on trouve le manuscrit inachevĂ© d'un un de ses livres, Le Premier homme, qui est l'histoire de son enfance en AlgĂ©rie. Le livre sera publiĂ© 34 ans plus tard et je vous invite Ă le lire. Avant de finir, rĂ©capitulons ensemble les diffĂ©rentes expressions françaises qu'on a apprises ensemble aujourd'hui. La premiĂšre: "vivre dans la misĂšre", ce qui veut dire ĂȘtre trĂšs pauvre, survivre difficilement. Ensuite, on a "la plĂ©nitude", On a vu "passer un concours" et pas prendre. On a parlĂ© de "l'absurde", ce qui n'a pas de sens, ce qui est illogique. L'expression que j'aime beaucoup: "Ăa n'a ni queue ni tĂȘte". Ăa veut dire que ça n'a pas de sens. On a aussi parlĂ© de "travail de Sisyphe". Ăa veut dire recommencer sans cesse un travail qui est inutile. Bien sĂ»r, "se rĂ©volter", qui veut dire refuser l'injustice, dire non, "mettre en quarantaine" une personne et enfin "ĂȘtre dĂ©chirĂ©", "ĂȘtre tiraillĂ©". Vous pouvez absolument utiliser toutes ces expressions dans la vie quotidienne en français. Ce ne sont pas que des mots de philosophie, ce sont des mots que les Français utilisent vraiment.
VoilĂ l'histoire d'Albert Camus, un homme qui a vĂ©cu dans la pauvretĂ© extrĂȘme et qui est devenu prix Nobel de littĂ©rature. Un homme qui a dĂ©couvert Ă 17 ans qu'il allait peut-ĂȘtre mourir. Un homme qui a connu la guerre, la maladie, le dĂ©chirement. Un homme qui a Ă©crit sur l'absurde, sur la rĂ©volte et sur la justice, mais surtout un homme qui a choisi la vie, qui a dit: OK, d'accord, la vie n'a peut-ĂȘtre pas de sens, mais je la choisis quand mĂȘme. Je choisis d'aimer le soleil, la mer, les ĂȘtres humains. Je choisis d'ĂȘtre heureux malgrĂ© tout. Aujourd'hui, dans notre monde incertain, violent, parfois mĂȘme absurde, je pense vraiment que Camus a encore beaucoup Ă nous dire. Et si vous voulez aller plus loin, n'oubliez pas que j'ai créé un guide totalement gratuit pour vous. Dix citations d'Albert Camus expliquĂ©es dans un français simple avec le vocabulaire philosophique. C'est parfait si vous apprenez le français et que vous voulez comprendre la culture française en profondeur. Le lien est juste en dessous dans la description. C'est gratuit. TĂ©lĂ©chargez-le, il va vraiment vous aider. Maintenant, dites-moi en commentaire, est-ce que vous connaissiez Albert Camus ? Avant cette vidĂ©o, bien sĂ»r.
Est-ce que vous avez lu un de ses livres comme L'Ătranger ou La Peste ? Dites-moi dans les commentaires. J'adore lire tous vos commentaires. Ăa me fait toujours Ă©normĂ©ment plaisir. Et si vous avez aimĂ© cette vidĂ©o sur Camus, je vous recommande fortement de regarder ma vidĂ©o sur Le Petit Prince de Saint-ExupĂ©ry. C'est un autre chef-d'Ćuvre de la littĂ©rature française. C'est un livre magnifique qui parle aussi, comme Camus, de la vie, de l'amour, de ce qui est vraiment important. La vidĂ©o est juste ici. Clique lĂ , ou lĂ , ou lĂ . Ă trĂšs bientĂŽt et n'oubliez pas: il faut imaginer Sisyphe heureux. Ciao.