Une échappée hors de Paris. Partie deux.
Rentrons dans le vif du sujet. Pour celles et ceux qui ne voient pas de quoi je parle, je vous invite à lire mon mail de dimanche dernier. Aujourd'hui, je vous emmène en voyage en Normandie, dans un lieu spectaculaire et méconnu, à seulement 1 h et demie de Paris, le château du Champ de Bataille. Construit au XVIIᵉ siècle sous le règne de Louis XIV, le château du Champ de bataille porte un nom intriguant. Champ de bataille. Pourquoi ? Parce qu'ici, au Moyen Âge, une grande bataille a opposé les Français et les Anglais pour le contrôle de la Normandie. Bien plus tard, Un puissant aristocrate, Alexandre de Créqui décide d'y construire un château à la hauteur de son rang.
Son objectif éblouir, impressionner et asseoir son prestige. Mais comme tant d'autres châteaux, son destin bascule à la Révolution française. Pillé, dévasté, puis transformé en ferme, le champ de bataille perd son éclat. Oublié pendant près de deux siècles. Jusqu'en 1992. Jusqu'à ce qu'un homme, Jacques Garcia, décide de lui redonner vie. Si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez forcément son travail. C'est l'un des plus grands décorateurs français à qui l'on doit la restauration du Ritz à Paris et du Louvre Abu Dhabi. Quand il découvre le château, c'est un choc. Les murs s'effondrent, les jardins sont en friche. Mais il a une vision faire renaître ce joyau du passé. Pierre par pierre, meuble par meuble, avec un souci du détail presque obsessionnel. Le pari est fou, mais le résultat est éblouissant.
Dès l'arrivée, on sent que ce château n'est pas comme les autres. On marche sur une allée pavée bordée d'arbres taillés au cordeau. Face à nous, la façade majestueuse. Un subtil mélange de pierres et de briques rouges de part et d'autre, une pelouse immense, encadrée par des haies parfaitement sculptées. On lève la tête et déjà on voyage dans le temps. Le champ de bataille ne se limite pas à son architecture. Il se prolonge dans ses jardins où chaque allée vous emmène ailleurs. Le jardin à la française symétrique, parfait, inspiré par Le nôtre, le créateur des jardins de Versailles. Chaque bosquet est une œuvre d'art. Le jardin italien, plus libre, plus romantique, où l'on entend l'eau des fontaines chanter doucement. Le jardin oriental, un monde à part. Et puis une grotte mystérieuse où l'on entend l'eau ruisseler, résonner contre les pierres sombres.
Lorsque l'on pousse les portes du château, c'est un choc. Tout a été recréé dans les moindres détails. On a l'impression qu'une marquise va surgir d'un instant à l'autre. Les plafonds dorés qui rappellent Versailles, les lustres en cristal qui diffusent une lumière douce sur les murs, les portraits d'aristocrates qui nous observent comme s'ils allaient nous parler. Chaque pièce est un voyage dans l'histoire. Prenons la salle à manger. Un vrai festin pour les yeux. Une table dressée avec une vaisselle en argent. Comme si Louis XIV lui même allait dîner ici ce soir. Une cheminée monumentale ornée d'une sculpture représentant un arbre majestueux qui semble prendre vie dans la pierre.
Et le plus surprenant arrive maintenant dans un couloir discret. Une porte nous mène à une galerie secrète. Une salle de taxidermie. On y trouve des lions, un crocodile suspendu au plafond et même un éléphant naturalisé. Ce château, c'est une immersion totale dans l'histoire et la culture. Quand Jacques Garcia a acheté le château du Champ de bataille, c'était une ruine. Il aurait pu reconstruire uniquement les murs et le toit. Mais un château sans ses meubles, sans ses œuvres d'art, sans son atmosphère. Ce n'est plus un château. C'est juste un bâtiment vide. C'est exactement la même chose avec le français. Apprendre uniquement la grammaire et le vocabulaire, c'est comme apprendre une langue vide. Les mots sont là, mais il manque la richesse et l'émotion. La culture, c'est ce qui donne vie à la langue. C'est ce qui fait que le français sonne français. C'est ce qui permet de comprendre ce que les Français disent vraiment au delà des mots. Quand vous apprenez la langue et la culture ensemble, vous ne vous contentez pas de parler français. Vous le ressentez ? C'est ça la vraie différence.
A très bientôt. Ciao, Ciao !